Indépendance économique : la clé de la liberté des femmes !

Si la question de l’indépendance et de la liberté économique m’a toujours semblé essentielle, je réalise chaque jour un peu plus à quel point nos choix de vie, qu’il s’agisse d’être ou de ne pas être, de faire ou de ne pas faire, sont profondément liés à cette dimension.

Combien de fois ai-je été témoin de situations toxiques, qu’il s’agisse de vies personnelles ou professionnelles, où tout reste figé simplement parce qu’une femme n’a pas de revenu ou dépend totalement d’une unique source de financement ? Ce sentiment d’être piégée, de ne pas pouvoir agir, de ne pas avoir de choix : c’est l’un des pires sentiments qui soient.

On entend souvent : « Vous, les femmes d’aujourd’hui, vous vous permettez trop de choses ! » Eh bien oui, nous nous permettons des choses. Pourquoi ? Parce que l’accès (même partiel et encore inégal) au pouvoir économique nous donne le choix. Le choix de partir, de dire non, de refuser la violence, l’abus, et les situations qui ne nous conviennent pas. Ce pouvoir économique est notre force, et il dérange.

Nombreuses sont les femmes qui, faute de ressources financières, se retrouvent piégées dans des relations de pouvoir déséquilibrées. Ce contrôle économique prend plusieurs formes :

  • Chantage quotidien :
    • « Si tu veux du lait pour le corps, rends-moi ce service. »
    • « Tu veux cette robe ? Tu sais ce qu’il faut faire. »
      Ces demandes, souvent banalisées, sont une forme d’abus, où les besoins fondamentaux ou les petits plaisirs deviennent des moyens de pression.
  • Confiscation des moyens de paiement : Carte bancaire retirée, argent de poche insuffisant, ou contrôle strict des dépenses… Ces mécanismes maintiennent les femmes dans une dépendance qui les empêche de prendre leur autonomie.
  • « Protéger » pour mieux contrôler : Beaucoup d’hommes utilisent le prétexte de « protéger leur femme » pour l’éloigner du monde du travail :
    « Arrête de travailler, je m’occuperai de tout. »
    Un discours qui, au départ, peut sembler bienveillant mais qui, à terme, prive la femme de sa liberté financière et de son pouvoir de décision.

Cette dépendance économique se manifeste cruellement dans les situations de séparation ou de divorce. Combien de femmes se retrouvent sans rien, après des années à avoir tout donné pour leur foyer .

Dans beaucoup de sociétés, les activités d’entretien domestique ne sont pas reconnues comme un travail, bien qu’elles soient indispensables au fonctionnement de la maison et à la réussite du couple. Faire les courses, préparer les repas, s’occuper des enfants, gérer la maison… Ces tâches non rémunérées sont souvent considérées comme « normales » et attendues des femmes.

Mais lorsque le mariage s’effondre, ces années de contributions invisibles ne pèsent rien. La femme qui a mis sa carrière entre parenthèses pour le foyer se retrouve alors :

  • Sans expérience professionnelle récente pour retrouver un emploi.
  • Sans épargne ni patrimoine en son nom.
  • Parfois même sans droit sur les biens qu’elle a contribué à entretenir.

Cette injustice économique ne reflète pas uniquement un déséquilibre financier, mais aussi un mépris systémique pour le travail non rémunéré des femmes.

Cette violence économique, trop souvent invisibilisée, s’inscrit dans un système où l’argent devient un outil de contrôle. Elle force de nombreuses femmes à :

  • Rester dans des foyers abusifs.
  • Subir des relations sexuelles non consenties.
  • Tolérer le harcèlement au travail par peur de perdre leur emploi.

Pire encore, les mécanismes patriarcaux encouragent cette dépendance pour maintenir un pouvoir. Le jour où une femme peut dire : « Je peux me débrouiller sans toi », c’est le jour où elle devient libre.

Face à ce constat, que pouvons-nous faire pour inverser la tendance ?

  1. Revaloriser le travail domestique : Les activités d’entretien et de soin doivent être reconnues pour leur vraie valeur. Ce travail invisible contribue autant, sinon plus, à la stabilité des foyers et des sociétés.
  2. Renforcer les droits en cas de divorce : Les systèmes juridiques doivent protéger les femmes, en leur permettant de réclamer une juste part des biens, surtout lorsqu’elles ont sacrifié leur carrière pour le foyer.
  3. Investir dans l’éducation et la formation : Donner aux femmes les compétences nécessaires pour accéder à des emplois dignes est essentiel pour briser le cycle de la dépendance.
  4. Encourager les initiatives entrepreneuriales : Les entreprises dirigées par des femmes doivent être soutenues. Elles représentent une voie vers l’autonomie et l’épanouissement.
  5. Libérer la parole et sensibiliser : Les femmes doivent pouvoir parler de ces violences économiques sans honte ni culpabilité. Plus ce sujet sera abordé, plus il sera visible et pris en compte.

L’indépendance économique n’est pas un luxe. C’est un droit, un levier essentiel pour choisir sa vie et refuser les abus. Alors, investissons en nous-mêmes, refusons les pièges de la dépendance, et soutenons-nous mutuellement pour bâtir un monde où aucune femme ne sera plus jamais laissée sans rien.

Parce qu’être indépendante, c’est bien plus qu’avoir de l’argent. C’est avoir le pouvoir de dire non, de partir, de se reconstruire, et de vivre pleinement. ?

Nana Triban

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